samedi 28 février 2015

Ciné - Des nouilles aux haricots noirs - Lee Hey-Jun - 2009



Je ne peux pas ne pas vous parler de ce film sur lequel je suis tombé par hasard sur Arte jeudi soir. C’est son titre qui m’a attiré, Des nouilles aux haricots noirs. Sans que je la connaisse vraiment, la nourriture asiatique m’attire. Plus que le fait de la goûter vraiment, c’est plus une certaine poésie qui s’en dégage, un dépaysement qui est la cause de cet intérêt. Sans doute suite à des lectures comme Le Gourmet solitaire, manga par lequel j’ai découvert Taniguchi ou encore L’Heure du Bentô de Naomi Abe dont je vous parlerai prochainement.

Tout commence par un homme sur un pont qui enjambe un fleuve. Il est au téléphone et on apprend qu’il croule sous les dettes. Il raccroche et se jette du haut du pont. Contre toute attente, il ne se joie pas mais se réveille échoué sur le sable d’une espèce d’ilot inhabité au milieu du fleuve. Comme il ne sait pas nager, impossible pour lui de quitter cet endroit qu’il va devoir apprivoiser tant bien que mal. Il lui faut trouver de quoi se nourrir par ses propres moyens et survivre avec ce que le fleuve apporte sur les rives de son île déserte. Sur la plage, il trace un « HELP » pour attirer l’attention. Le temps passant, il s’adapte à sa nouvelle condition, plutôt bien. Le « HELP » va devenir un « HELLO ». 

De l’autre côté du fleuve, dans une grande tour impersonnelle, on découvre une jeune fille qui a deux occupations principales, prendre des photos de la lune avec son téléobjectif et jouer les fashionistas branchouilles sur son blog en piochant des photos de modes ici ou là sur le net. Mais derrière le clinquant, se cache en fait une jeune fille qui vit recluse dans une chambre encombrée d’un bric à brac innommable et qui dort dans un placard, enveloppée dans du papier à bulles. Elle ne communique avec sa mère que par sms ou mots glissés sous la porte. On suppose que la marque qu’elle a sur le front, sans doute une brûlure est la cause de son étrange comportement.



Un jour, au hasard de ses observations au téléobjectif, la jeune fille aperçoit son message. Intriguée par cet homme étrange, elle va continuer à le surveiller au point de finir par sortir de son antre, au milieu de la nuit, pour depuis le pont aller jeter au survivant un message glissé dans une bouteille…


J’espère vous avoir un peu donné envie de découvrir comment tout ça va évoluer. J’ai vraiment été embarqué par ce film, une histoire décalée, touchante et dépaysante, comme seul le cinéma asiatique sait nous en offrir. On suit avec intérêt et un certain amusement le destin de ces deux êtres en marge de la société. Le retour à la nature, Les limites du virtuel, la solitude autant de thèmes traités avec humour, tendresse et poésie.





Un joli coup de cœur que je vous recommande d’autant plus qu’il est disponible en replay sur Arte+7.







Je viens de découvrir sur le net que ce film est aussi connu sous titre Castway on the moon...



mercredi 25 février 2015

Un Ours en hiver - John Yeoman & Quentin Blake

Traduction de Camille Fabien




C’est au hasard d’une vente de livres d’occasion que je suis tombé sur ce livre jeunesse. Publié originellement en 1969 mais seulement en 1988 en France, Un Ours en hiver de John Yeoman bénéficie des illustrations de Quentin Blake et c’est ce qui a retenu mon attention. Même si le nom ne vous dit rien, vous le connaissez forcément, Quentin Blake est, entre autre connu, pour avoir illustré les livres de Roald Dahl. De plus, j’ai déjà pu apprécier le duo à l’œuvre par le passé dans Allez, les oiseaux ! que j’avais beaucoup apprécié. Je ne pouvais donc pas passer à côté.

L’ours ne le sait pas encore mais il est observé. Le cochon, la poule, l’écureuil et le hérisson se demande ce qu’il peut bien fabriquer en cette fin d’été. Il ramasse des branchages, des feuilles et de la mousse bien épaisse. Les quatre amis finissent par aller le questionner et l’ours leur montre un plan. Un plan ? Oui, le plan de sa future maison dans laquelle il va pouvoir paisiblement passer l’hiver.

L’ours se fait railler. Mais une fois l’hiver venu, la morsure du froid et le vent glacial laissent les quatre amis totalement désemparé, ne sachant comment faire pour passer cette sombre période. Ils se rendent chez l’ours qui les accueille volontiers. Mais une fois au chaud, lui ne pense qu’à poursuivre son hibernation alors qu’eux ne songent qu’à s’amuser. L’ours ne retrouvera sa tranquillité qu’une fois le printemps venu et le cochon, la poule, l’écureuil et le hérisson partis sous d’autres cieux. D’hivernale, son hibernation devient printanière…

Une histoire destinée aux plus petits qui m’a un peu laissé sur ma faim. Partage et tolérance de la part de l’ours sont au bien sûr rendez-vous. Mais les « envahisseurs » ne semblent pas tirer la moindre leçon de leur attitude ce qui est tout de même un peu dommage. Je serai curieux d’avoir le regard d’un jeune public sur ce livre.

N’en reste pas moins les illustrations de Quentin Blake qui suffisent à mon bonheur. Des traits rapides à l’encre de chine, des touches de couleurs à l’aquarelle, des feuilles mortes qui virevoltent au fil des pages et l’atmosphère est mise en place…

Un livre qui de loin m’a ramené, sans doute à cause de l’ours et des illustrations, au dyptique de Mélanie Rutten L’Ombre de chacun et la Source des jours, la profondeur en moins.

Un livre  qui m’a peut-être aussi interpelé parce que chaque année à cette saison, je me sens un peu en hibernation, comme Un Ours en hiver



Livre retraduit et réédité chez Gallimard sous le titre Le Drôle d'Hiver d'Ours
la comparaison doit être intéressante...
ISBN 2 218 01669 9
23 pages
1969/1988
 

lundi 23 février 2015

Là où les rivières se séparent - Mark Spragg

Traduit de l'américain par Laurent Bury


S’aventurer dans ce livre, c’est se frotter aux grands espaces, à la nature sauvage du Wyoming. Des grandes plaines aux contreforts des montagnes rocheuses, des paysages balayés, fouettés, blessés par un élément indomptable avec lequel il faut compter, le vent auquel l’auteur consacre d’ailleurs un chapitre.

L’auteur, c’est l’américain Mark Spragg qui nous livre ce recueil autobiographique composé de ses souvenirs d’enfance et de jeunesse au cœur de cette nature qu’il nous rend proche et majestueuse en dépit de sa rudesse.

Un destin qui sous la plume de Mark Spragg devient mon destin, ton destin. Je ne lis plus, tu ne lis plus, on vit…

Tu es tout jeune mais déjà, rien ne compte plus pour toi que monter à cheval. Faire corps avec l’animal, comme un prolongement de toi-même. Savoir mener un troupeau ou guider des groupes, voilà ce qui te fait vibrer, c’est comme ça que tu te sens vivant, heureux. C’est comme ça que tu deviens un homme.

Je te revois avec ce cerf que tu apprends à dépecer, à vider de ses entrailles. Le sang qui gicle. Les éclaboussures de sang qui sèchent sur ton visage. Les boyaux qui fument dans la froideur hivernale.

Je me souviens aussi de ta nouvelle paire de bottes. Quel souvenir ! Comme tu es allé dans l’eau avec, pour aider le cuir à se faire, à prendre la bonne forme, pour ne pas te blesser les pieds. Le temps est trop précieux pour qu’on puisse se permettre de le perdre. Puis ce cheval qui te jette à terre. La paire de bottes ne fait pas le cavalier.

Et ce ranch perdu au milieu de nulle part où, plus tard, tu es allé t’isoler tout un hiver, au grand dam de ta mère. Qu’allais-tu faire tout seul dans ce désert sans âmes ? Reclus, avec tes bouquins, tu as enfin pu de te consacrer à ce qui allait devenir ton occupation future, l’écriture.

L’écriture, de la nature et de la vie, c’est bien pour ça que tu es fait Mark, Là où les rivières se séparent, c’est justement là où nos destins se rencontrent…

Rien que du bonheur...

"Je rêve du mois de janvier. Du crépuscule à 4 heures de l'après-midi. Du rythme lent et prudent de la vie par - 20°C. J'imagine que je m'envelopperai d'hiver : cinq mois de lumière vaporeuse, le délicat bruissement du froid. Et la neige. Son accumulation douce, jour après jour. La neige étouffera tous les bruits, les réduira à un murmure."

"Je suis fatigué des conversations, de la télévision, de la musique, même des rires. Je veux être dans les montagnes, me tenir contre elles, sans bruit, me réparer, intérieur comme extérieur."

"J'étais un garçon et j'étais convaincu que les chevaux étaient extralucides. J'étais sûr que rien ne leur échappait. J'étais sûr que rien ne leur échappait. J'étais sûr que, avec un cheval entre les jambes, avec mon pouls, mon sang et mon énergie alliés aux leurs, j'en voyais davantage. Que je devenais un voyant. J'étais sûr qu'ils étaient les pupilles pommelées, alezanes, rouanes, baies ou noires des yeux de Dieu."

"En vérité, je ne pense pas qu'il me soit jamais arrivé d'être serré contre Linda. je pense que nos genoux ont pu se toucher. Mais quand on a douze ans et qu'à part sa mère les seules femmes qu'on ait vu sans leur couche supérieures de vêtements se trouvent dans les pages lingeries du catalogue Montgomery Ward, le contact d'un genou retient toute votre attention."

"L'idée que ce vieillard a un jour touché une femme sans avoir à la ligoter me fait l'effet d'un serpent qui serait tombé dans le col de ma chemise."   


Une belle expérience que je dois une fois de plus à Babelio et aux Éditions Gallmeister !


Toute ressemblance...
ISBN 978 2 35178 546 1
342 pages
1999/2005
10,50€

L'avis également enthousiaste de Léa Touch Book !

vendredi 20 février 2015

Le Maître des livres - Tome 2 - Umiharu Shinohara



A la lecture des premières pages de ce deuxième tome, j’ai comme été pris d’un doute. L’impression que ça tournait à la bluette sentimentale. Et puis non, heureusement, les choses sont rapidement rentrées dans l’ordre même s’il y a évidemment toujours un équilibre entre le léger et le plus grave.

Les livres et la lecture sont toujours au cœur de l’histoire par le biais des différents personnages dont quelques nouveaux. Par exemple, un jeune  et virulent libraire très remonté contre les bibliothèques qui selon lui nuisent à son activité. L’occasion bien entendu de démontrer la complémentarité des deux activités, de manière simple mais efficace. Un homme qu’on aide à retrouver un livre lié à un passé plein d’émotion. Une lecture faite à un jeune public qui aide un apprenti auteur à prendre conscience des faiblesses et des atouts de son histoire. La lecture comme moment privilégié pour retisser des liens entre un père trop longtemps absent et son jeune fils.

Encore une fois, la vie, les échanges et les liens sociaux et familiaux battent leur plein au sein de la bibliothèque pour enfants de « La Rose Trémière ». Une bibliothèque un peu idéale, il faut bien le reconnaitre, avec un personnel idéal dont le fameux « champignon » (le héros surnommé ainsi par les enfants à cause de sa drôle de coupe de cheveux) moins vénéneux qu’il n’y parait mais qui garde encore une bonne part de son mystère…

Une bibliothèque comme on aimerait tous en connaître et moi, j’adore ça. Je file, le tome 3 m’attend !


"C'est lorsqu'un enfant découvre un livre lui plaisant énormément qu'il découvre en même temps le plaisir de la lecture."

"On apprend à connaître les livres à la bibliothèque et on les achète à la librairie. Je pense qu'il s'agit de la relation naturelle que doivent avoir les librairies et les bibliothèques entre elles."

"Les librairies et les bibliothèques ont pour point commun d'être remplies de livres. la différence, c'est qu'ici on les lit."


ISBN 979 10 91610 636
192 pages
2014
8,50€
Mon avis sur le tome 1

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